Au bord de l'eau

Huit ! Bravo... tu vas être difficile à battre...

Elle choisi avec un galet, le fait tourner dans sa main, il est rond et lisse, chaud d'avoir enmagasiné toute la chaleur du soleil. Sans trop y croire vraiment, mais en faisant mine de s'appliquer, elle lance le caillou plat qui glisse à la surface de l'eau.

Six ! ... tu as fait vraiment fort ! Je m'incline, jamais je n'arriverai à lancer jusqu'à l'autre berge en ricochets...

Elle se lève en riant, remet en place les volants de sa jupe et tend la main à Lutecien pour l'aider à se lever

Alors, tu viens, ou tu préfères rester ici ?

Interieurement Khatouna fait déjà l'inventaire de tous les travaux urgents qui l'attendent à l'auberge... Elle tire en riant sur la main que Lutecien lui tend, ravie de pouvoir compter sur son aide pour déplacer les lourd tonneaux d'alcool et les marchandises achetées au monastère. Désigant du regard une caisse couverte d'une épaisse couverture.

A la taverne, je te ferai goûter quelque chose de nouveau et d'étonnant, les moines ont trouvé un moyen de conserver le lait; ils en font du fromage qui se conserve bien plus longtemps que le caillé ou que le beurre. Tu me diras ce que tu en penses.

Pendant qu'ils remontent le sentiers en direction de la charette, Khatouna ramasse des noisettes qu'elle fourre dans ses poches.

Il faudra faire une sortie pour ramasser des noisettes et des mures, c'en est plein par ici... ce serait domage de tout laisser aux loirs et aux écureils.

Khatouna avait détaché la jument et ramené l'attelage sur le chemin. Lutécien siffle le chien et grimpe dans la carriole, elle relève ses jupons pour ne pas s'y empêtrer et viens s'assoir pres de lui sur la banquette. D'un claquement de langue elle donne à son cheval le signal du départ.

A contrecoeur, la jument arrache au passage un dernier rameau de noisetier, s'appuie sur son collier fais quelques pas puis se met à trotter doucement en direction de Fougères.

Les moines refusent de m'apprendre à faire le fromage... Ils prétendent que sa préparation demande des soins constant et beaucoup de patience que je n'ai pas.

Elle fait la moue, un peu déçue, mais c'est vrai qu'elle a bien trop d'occupations pour donner à des fromages des soins constants...

Mais si je veux leur apporter du lait, ils en feront pour moi. Je pense que ça pourrait être interressant d'avoir du fromage pour l'hiver, periode difficile, ou les vaches donnent peu de lait et ou les poules ne pondent presque plus...

Le regard fixé sur le chemin au delà des oreilles de sa jument, elle parle avec enthousiame de ses projets tout en luttant contre l'étrange emotion qui l'envahi... la douce tentation de se laisser aller, de confier les rennes au jeune homme, d'appuyer sa tête sur son épaule, de ne plus porter seule le fardeau de sa vie...

Fermant les yeux un instant, elle repousse le flot de ses pensées, consciente que pour elle aucun amour n'a d'avenir et que l'amitié du jeune homme est un tresor bien trop précieux pour être risqué dans une aventure sans lendemain.

Quand nous aurons rangé toutes les marchandises au celliers, il faudra réparrer la poulie du puits, ramasser les haricots et lentilles au jardin et les mettre secher, puis s'occuper des bêtes. Je dois aussi réparer ma selle et ferrer mon grand cheval.

Et pour les noisettes , nous pourrons en faire des gateaux, quand nous les auront ramassées !...

-Faire du fromage ? Ce secret je l'ai appris il y a longtemps !
Ce n'est pas très compliqué mais ça demande effectivement du temps et de la patience, ce n'est pas comme faire un kouign aman !
J'adore le fromage alors oui, ça peut être fort intéressant, au début, comme tout ce qu'on apprends et qui est nouveau. Mais je te donnerai la recette si tu le désire.

Lutécien tourne la tête vers Khaouna, les yeux fermés, un instant.
Ont ils besoin de se parler ces deux là ? Ils se comprennent sans cela. Il se demande quand même pourquoi cette peur d'être mise dans une cage, fut elle doré. Loin de lui cette intention, mais il la comprend. Lui même, comme un goéland, est un peu insaisissable, malgré parfois la tentation de prendre le risque.
Il lui sourit :

-Chouette ! Ça va nous en faire du temps à passer ensemble avec tout ces travaux ! Peut être quelques jours, si j'ai de la chance ! La poulie, je m'en occuperais aujourd'hui si tu veux !

Lutécien ri intérieurement, réalisant que, pour quelqu'un ne les connaissant pas et croisant leur route, ils ressemblent à un jeune couple faisant des projets.Pour le moment, il ne veux pas se poser trop de questions. Il est bien avec elle, comme il n'a plus été depuis fort longtemps. Il savoure sa présence à ses côtés. Son sourire, sa voix, son parfum, et cette douce chaleur qui enrobe son propre coeur.

Les tours de la ville se profilent à présent au bout du chemin dans la lumière oblique de la fin d'après midi. Khatouna salue au passage des moissonneurs qui achève de charger les dernières gerbes de seigle sur un char à boeufs. Dans le champ voisin, des femmes fannent en chantant du regain parfumé.

Ce sera volontiers pour la poulie, car je suis ennuyée pour puiser l'eau. Je t'aiderai d'abord à décharger la charette puis je soignerai les chevaux et je préparerai le repas du soir pendant que tu répareras le puits.

Le trot de la jument claque à présent sur les pavés de l'allée qui mène à la porte de la ville ou des enfants se poursuivent en riant. Le cheval se met au pas et prend machinalement le chemin qui mène à son écurie.

Arrivé devant le destrier, Lutécien sauta à terre. Tendis la main pour aider Khatouna à descendre.

-Si tu me montrais la cave et l'emplacement où je dois ranger les barriques ? Pendant ce temps là, tu pourrais te charger des chevaux. Tu n'as pas tant de barriques que ça à décharger et je me sent la force de le faire seul. Il suffit de les descendre, puis de les faire rouler en les tenant par le haut. J'ai déjà fait ça maintes fois.

Il jeta un oeil vers le puits.

-Je pense que pour le puits, c'est la chaîne qui à besoin d'être un peu dégrippée et graissée. Ça ne devrait pas me prendre trop de temps non plus, si tu as une bonne lime et un peu d'huile de boeuf, sinon j'en trouverais bien à la ferme voisine.

Lutécien posa à nouveau son regard sur Khatouna, croisant son regard.

*Je dois absolument éviter de croiser trop souvent son regard, sinon mon coeur ne va pas y résister ! J'ai l'impression qu'il va exploser à chaque fois.*

Il caressa la croupe du cheval et attendit que Khatouna lui indique la direction de la cave et l'emplacement pour ranger le chargement.

https://cadastre-fougeres.forumactif.fr/Au-12-La-taverne-du-Dextrier-Bleu-f13/La-taverne-du-Destrier-Bleu-t14-75.htm

Gwynhafra surgit du détour du chemin. Les mains emplies de pain bis, elle alla s'asseoir au bord de la rivière afin de nourrir les poissons et autres créatures de l'onde en attendant le doux sire qu'elle devait revoir très prochainement. Le temps était beau, quoi qu'un peu frais et elle reserra sa cape autour de ses épaules. Une brise légère soulevait parfois son oppulente chevelure qui casacdait le long de son dos...

* * * * * * * * * * * * * La nuit... Froide et pleine de murmures...

Elle se réveilla en sursaut, la chair de poule hérissant sa peau. Comment avait elle pu passer toute la journée ici, pour s'endormir sans même songer à se sustenter ? Y avait-il quelque tour du malin par là même ?...

Un murmure...

Elle avait froid, était transie... Gwynhafra n'avait pas prévu de rester tant de temps au bord de la rivière et les bruits nocturnes l'effrayaient un peu... Mais pourquoi ? Elle, fille de la nuit sans crainte de l'obscurité... C'est cette ambiance qui n'était pas normale !

Une voix...

Ha ! Elle se redressa tout à fait, scrutant les ténèbres intensément, n'osant bouger et n'osant rester tout à la fois... Elle haleta, son souffle devenant de plus en plus rapide au fur et à mesure que la température se rafraichissait.

Un souffle...

Elle se retint de hurler. Elle n'était pas seule. "Pourquoiiiiiiiii... Gwynhhhhhaafraaaa..."

"Lecavalierblanc ?
-Pourquoiiiiiiiii.............
-Je ne comprends pas !!!
-M'aurais tu oubliéééééééééé ?...........
-Bien sûr que non ! Mais je ne puis rester seule ! Surtout en ces temps troublés !!!
-Ainsi soit iiiiiiiiiiilllllllllllllllllllll..."

La présence s'effilocha pour s'estomper tout à fait. La brume avait envahi les environs sans qu'elle ne s'en rende compte. L'air semblait compact et elle avait du mal à reprendre son souffle.

Elle faillit hurler lorsqu'elle sentit un poids s'abattre sur ses épaules...

Manech et Aelig dans ses jupons, Giw se dirige vers la rivière pour profiter un peu de ses petits avant que son devoir de Lieutenant ne la rappelle et l'éloigne une fois de plus de ces deux êtres si chers à son coeur...

Entre deux missions, rien n'est plus doux qu'être auprès de ceux quelle aime, même si l'un d'entre eux est absent et lui manque chaque jour cruellement... Décidemment ses deux anges et leur émerveillement sans cesse renouvelé lui ont toujours remonté le moral et permis de voir le bon côté des choses...

Le bon côté des choses... Leurs retrouvailles après six mois de courriers Ce jour tant attendu viendra, et il sera à nouveau là avec eux trois, rythmant leur vie par ses rires, sa douceur et sa joie de vivre...

Dans ses pensées, la jeune femme reste au bord de l'eau surveillant de près sa petite dernière un peu trop attirée par les remous de la rivière...

Aelig, attention, reste près de moi ma Belette...

Tendant la main à sa fille, Giw sent son petit homme de Manech venir lui enserrer la jambe et se blottir contre elle... Elle lui sourit en posant sa main sur la tête...

Ca va Bonhomme?

Rag' lui manque à lui aussi et rares sont les jours où le petit ne réclame sa présence au moment d'aller dormir...

Je vous aime mes tout petits...