Loin de fougères

Un voyageur en route vers les chantiers des ports Breton à la recherche d'embauche entre à l'auberge. Il rejette sa besace sur un banc et interpelle d'une voix rauque la vieille femme occupée a atiser le feu.

Je viens de loin et j'ai une missive pour vous...

Nolwen se relève, un main à sa hanche et le toise du regard... Qui donc lui écrirait à elle ?

C'est vostre Dame qui m'a donné ceci, en me garantissant que contre ce pli je trouverais ici un gîte pour la nuit et le meilleur couvert de la place... Offrez-vous l'asile a un miséreux contre ce message ?

Le visage de la gouvernante s'éclaire d'un sourire, elle tourne la tête pour dissimuler ses yeux brillants d'émotion et d'impatience.

Chauffez-vous à mon feu, je vais servir votre souper messager, et plaise au Ciel que vos nouvelles soient celles du retout de ma maîtresse.

elle s'approche d'une lampe pour décacheter le pli et prendre connaissance de son contenu

Citation :: Ma Nolwen,

La situation en Tourraine nous a retenu plus longtemps que prevu loin de la Bretagne. Abbar a travaillé dans les bois avec les bûcherons, j'ai travaillé beaucoup à l'université... j'ai travaillé sur le tetanos et saurais désormais reconnaître et soigner au mieux ce mal.
J'espère reprendre la route dans peu de jours.

Ce soir, deux erudits vont quitter Montargis pour Fougères, impatients de voyager, ils ont renoncé à nous attendre. Dame Hirmanondelleau et Nyalvis. Quand ils arriveront à l'Auberge, acceuille-les je t'en prie.

Prends soin de toi. N'hesite pas à embaucher de l'aide au besoin.

Khatouna.

Lorsqu'elle revient vers le messager, c'est pour déposer devant lui un enorme plat de gratin fumant et la moitié d'une volaille... L'homme se jette sans plus de façons sur le repas en marmonant d'incessants remerciements...

Celà faisait plusieurs mois déjà que Khatouna et Abbar ont quitté Felger pour la Champagne.
Les paysans achevaient de rentrer leurs moissons de froment quand les deux voyageurs avaient pris la route... Pensive, Khatouna admirait la campagne sage et monotone de cette fin d'automne... Les recoltes rentrées, les fermiers laissent leurs bêtes déambuler dans les jachères.

Les journées se font courtes et la jeune femme regarde le soleil couchant embrasser d'or le paysage. De grand peupliers dans leur livrée dorée semble monter la garde le long de la rivière... Elle frissonne, un de ces matin prochains, leur fragile armure au reflets mordorés gira sur le sol gelé... Et le voyage du retour n'en deviendra que plus pénible, que plus alléatoire. Elle sait qu'il est grand de partir.

Elle pense au train de mules et aux charriots lourdements chargés de bois et d'autres marchandises qu'il faudra mener par de mauvais chemins... Nyalvis et sa compagne avaient déjà quitté Montargis, et il était temps pour elle aussi de preparer le retour.

Demain elle demandera au forgeron de ferrer de frais ses chevaux et fera en ville ses derniers achats en prevision du voyage.